Quand la mort devient un spectacle : comment protéger les jeunes des contenus choquants ?

Des nouveaux sites ou comptes sur les réseaux sociaux, diffusant des vidéos d’individus dans leurs derniers instants de vie (meurtres, suicides, accidents de la route et autres événements tragiques) attirent de plus en plus de jeunes. Ces images ne sont pas des scènes de films ou de jeux vidéos, mais sont bien réelles

Selon une étude de l’IFOP*, 61 % des enfants ont déjà été exposés à des contenus violents en ligne, contre 39 % il y a quelques années. Face à ce phénomène inquiétant qui représente un danger psychologique majeur pour les enfants et adolescents, il est essentiel d’ouvrir le dialogue, d’encadrer leur usage numérique et de leur offrir des repères adaptés pour les protéger.

Pourquoi ces sites attirent-ils les jeunes ?

Les adolescents sont particulièrement vulnérables à ce type de contenu pour plusieurs raisons :

  • La curiosité morbide : À l’adolescence, la construction de l’identité passe par une exploration des limites et une confrontation aux interdits. La mort et la violence extrême, en tant que sujets tabous, suscitent d’autant plus de fascination que les jeunes n’ont souvent ni les mots pour poser leurs questions, ni accès aux interlocuteurs adéquats.Face à cette incompréhension, ils cherchent eux-mêmes des réponses ;
  •  Le besoin de tester leurs limites : L’adolescence est une période où l’on cherche à se prouver à soi-même et aux autres que l’on est capable d’affronter ce qui fait peur. Regarder l’interdit devient une forme de mise à l’épreuve qui peut être vécue comme un rite de passage. Le jeune spectateur s’imagine ainsi renforcer sa maturité et sa résilience en affrontant des images insoutenables. Pourtant, loin d’endurcir, ces contenus peuvent fragiliser et marquer durablement ;
  • L’effet de groupe et les réseaux sociaux : L’adolescent évolue dans un environnement où l’appartenance au groupe est primordiale. Le visionnage de vidéos choquantes peut devenir un défi collectif où chacun pousse l’autre à aller plus loin ;
  • La recherche d’adrénaline : L’adolescence est marquée par une quête de sensations fortes, liée aux transformations neurobiologiques du cerveau. L’exposition à des vidéos choquantes provoque une activation intense du système nerveux, similaire à celle ressentie lors d’un film d’horreur, à la différence près que ces images ne relèvent pas de la fiction. Cette confusion entre réel et virtuel peut accentuer l’impact émotionnel et engendrer un traumatisme.

Quels sont les risques pour les jeunes ?

L’exposition répétée à ces vidéos a des conséquences bien réelles :

  • Un traumatisme psychologique : L’adolescent, en pleine construction identitaire et émotionnelle, peut sous-estimer l’impact des images qu’il regarde. Contrairement à un film ou à un jeu vidéo, ces scènes violentes ne sont pas filtrées comme de la fiction : elles s’imposent au cerveau de manière brute, activant les mêmes mécanismes que lors d’un événement traumatique réel ;
  •  Une banalisation de la violence : Le cerveau d’un adolescent est en développement, notamment dans sa capacité à réguler les émotions et à développer ses capacités d’empathie. Lorsqu’un jeune est exposé de manière répétée à des images où la souffrance et la mort deviennent un spectacle, un phénomène de désensibilisation peut s’installer. La violence extrême devient progressivement anodine, voire source d’excitation ou de curiosité. Ce processus altère la perception de la souffrance et peut impacter la construction des valeurs morales rendant l’individu plus tolérant à la brutalité ;
  • Un impact sur la santé mentale : De nombreuses études en neurosciences et en psychologie clinique démontrent que l’exposition répétée à des contenus violents peut exacerber des troubles psychiques sous-jacents ou en favoriser l’émergence. Ces contenus activent de manière excessive le système limbique, la zone du cerveau impliquée dans la gestion des émotions, ce qui peut maintenir un état de stress chronique, perturber le sommeil et générer une détresse psychologique durable (dépression, anxiété etc.) ;
  • Une possible fascination pour la mort : Chez certains adolescents déjà fragilisés par des difficultés personnelles (dépression, isolement social, mal-être profond…), ces vidéos peuvent agir comme un déclencheur, renforçant des pensées sombres et des comportements à risque.

Comment protéger vos enfants face à ces contenus choquants ?

  1. Ouvrez le dialogue sans jugement : Encourager l’échange avec des questions ouvertes : « As-tu entendu parler de ces sites ? », « Pourquoi penses-tu que ces vidéos attirent autant de monde ? ». Laissez-les s’exprimer sans dramatiser ni minimiser leur ressenti.
  2. Expliquer la réalité de ces vidéos : Rappelez-leur que ces images ne sont pas des fictions mais des drames humains. Derrière chaque vidéo, il y a de vraies personnes et de vraies souffrances.
  3. Sensibiliser aux effets psychologiques : Même s’ils se sentent « forts », leur cerveau traite ces images comme une expérience vécue. Cela peut provoquer angoisse, cauchemars et désensibilisation à la violence.
  4. Proposer des alternatives adaptées : Si un adolescent cherche à comprendre la violence et la mort, orientez-le vers des documentaires, des podcasts, des témoignages de professionnels ou des œuvres qui abordent ces thèmes avec du recul et de l’analyse.
  5. Encadrer son usage du numérique : Activez des filtres si besoin comme les logiciels de contrôle parental sur les outils numériques mais privilégiez surtout la discussion. Aidez-les à prendre conscience des dangers sans les priver de leur autonomie numérique.
  6. Besoin d’aide ? Appelez le 3018  : Si vous êtes parent, professionnel ou jeune concerné, le 3018 est un service gratuit et confidentiel pour accompagner, conseiller et protéger contre l’exposition aux contenus choquants. 

📞 Appelez ou contactez nous par tchat sur 3018.fr

> Retrouvez tous nos conseils et information

* IFOP (Institut français d’opinion publique). Les parents face aux dangers d’Internet. Étude réalisée sur l’exposition des enfants aux contenus violents et inappropriés en ligne. Étude réalisée en septembre 2022.

Ensemble, luttons contre le harcèlement et les violences numériques !

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