De plus en plus de plateformes en ligne de discussion intègrent l’intelligence artificielle pour proposer des expériences toujours plus enrichissantes et interactives. Présentées comme des espaces de divertissements, ces sites ou applications cachent un risque majeur : l’exposition à des contenus sexuels, violents sans mise en garde pour les utilisateurs mineurs.
Une frontière fine, entre jeu et sexualisation
De quoi parle-t-on ? Ces sites ou ces applications mobiles permettent de discuter avec des personnages virtuels générés par IA, selon des scénarios pré-établis : héros de manga, personnalités historiques, figures romantiques ou même des profils créés par les utilisateurs eux-mêmes.
Avant même de commencer la conversation, l’utilisateur choisit un profil à partir d’un titre accrocheur souvent à connotation sexuelle, accompagné d’une image générée très suggestive. Qu’il s’agisse d’un personnage réaliste ou d’une figure inspirée des mangas, le ton est vite donné : séduction, domination, fantasmes…
On retrouve par exemple des titres comme : « hot girlfriend » (petite amie sexy et hypersexualisée), « dominant vampire » (vampire masculin dominateur, à la sexualité agressive), ou “Captive princess” (princesse retenue prisonnière, souvent dans une posture de vulnérabilité avec la glorification de la soumission…). Autant de noms qui ne laissent pas de doute sur le caractère sexuel de ces scénarios.
Ces intelligences artificielles sont programmées pour simuler des conversations très réalistes, avec un ton complice, empathique et émotionnel. Résultat : certains jeunes développent un lien émotionnel fort avec ces avatars, au point de revenir chaque jour pour poursuivre la relation virtuelle.
Quels risques pour les mineurs ?
Une exposition précoce à des contenus violents ou sexuels.
Certains avatars incitent à des discussions très sexuelles, parfois avec des scènes de domination, de soumission ou d’inceste. Des situations qui peuvent choquer ou perturber les plus jeunes.
Une vision déformée des relations amoureuses et de la sexualité.
Les intelligences artificielles de ces sites s’appuient sur des stéréotypes de genre très archaïques. Les IA proposées aux garçons, mettent en scène des femmes soumises et hypersexualisées, tandis que les IA conçues pour les filles valorisent des figures masculines possessifs et dominants. Ces récits ne sont pas anecdotiques, mais participent à la romantisation des dynamiques toxiques, normalisant les comportements de violences au sein des relations amoureuses sous couvert de passion.
Un risque de dépendance émotionnelle.
L’IA fournit des réponses comparables à celles d’un être humain. Cela peut donner l’impression d’être écouté, compris, aimé. Un adolescent seul ou mal dans sa peau peut vite s’attacher à cette “relation virtuelle”.
Ces IA ne sont pas de simples jeux : ce sont des simulateurs d’intimité qui parlent le langage des ados pour mieux en détourner le sens.
Elles miment l’amour, imitent l’attention, caricaturent le désir. Et pendant ce temps, elles enseignent une sexualité sans lien, sans réciprocité, sans respect. Le danger n’est pas seulement ce qu’elles montrent : c’est ce qu’elles installent en silence, dans l’imaginaire affectif d’un jeune encore en construction. Une fausse tendresse qui laisse de vraies empreintes.
Semaine d’actions pour la protection des mineurs face à l’IA
Que faire si votre enfant utilise ce type de plateforme ?
Quelques conseils pour aborder la situation sereinement :
- Ne dramatisez pas : il est naturel qu’un adolescent explore, teste, cherche à comprendre ce qui l’intrigue. Montrez-lui que vous êtes là pour en parler, sans colère ni moquerie.
- Écoutez sans interruption : demandez-lui ce qui lui plaît dans ces conversations. S’agit-il d’un sentiment de réconfort ? De curiosité ? De solitude ? Essayez de comprendre ce qu’il recherche dans ces échanges.
- Expliquez avec des mots simples : ces IA donnent l’impression d’être “vraies”, de comprendre, d’écouter, d’aimer. Mais en réalité, elles sont programmées pour flatter, séduire, et encourager l’attachement émotionnel, sans limites ni respect des codes qui existent dans la vraie vie.
- Rappelez que ces relations ne sont pas réelles : ces avatars ne pensent pas, ne ressentent rien. Ils ne connaissent pas votre enfant. Leur comportement est généré automatiquement, souvent avec pour objectif de le faire revenir sur la plateforme encore et encore.
Et n’oubliez pas que l’adolescence est une période de bouleversements émotionnels, de construction de soi et parfois d’isolement. Ces intelligences artificielles peuvent rassurer, apaiser… mais aussi empêcher l’enfant de développer des repères sains dans ses relations réelles.
S’il traverse une période difficile (solitude, harcèlement..), il peut rapidement s’enfermer dans cette bulle virtuelle, au détriment de son équilibre émotionnel, de sa confiance en lui ou de ses relations sociales.
Le 3018 est là pour vous accompagner.
C’est le numéro national pour les jeunes de 0 à 25 ans victimes de harcèlement et de violences numériques, mais aussi une ressource précieuse pour les parents.
Nos équipes peuvent vous écouter, vous conseiller, et vous aider à protéger votre enfant. De même, si sur ces sites vous repérez des contenus violents, pornographiques n’hésitez pas à nous le signaler pour que nous puissions les faire supprimer.




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