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Quand le sexisme s’installe dans le cyberespace

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Mardi 27 septembre, l’Observatoire Régional des Violences faites aux Femmes du Centre Hubertine Auclert, Centre francilien pour l’égalité femmes-hommes, publiait la première étude sur les violences sexistes et notamment le sexisme en ligne, sur les adolescents de 12 à 15 ans. Même si les filles paraissent particulièrement vulnérables, les garçons sont également victimes de cette cyber-violence. Le constat des violences sexistes digitalisées

Le Centre Hubertine Auclert définit le cybersexisme comme « les violences qui se déploient à travers le cyberespace dans le but d’insulter, humilier, répandre des rumeurs, ostraciser, exercer une coercition externe et qui contaminent l’espace en présentiel (« hors-ligne ») ou inversement ». Selon l’étude, trois filles et deux garçons par classe sont victimes de cybersexisme, soit 17% de filles et 11% de garçons. Cette violence digitalisée prend la forme de photos, de vidéos, ou de textos où les filles sont le plus souvent les victimes (les filles sont deux fois plus touchées que les garçons par le cybersexisme). Les filles sont insultées de « salope » ou de « pute » (22% des interrogées) et sont jugées sur leurs aspects physiques (20%) ; quant aux garçons, ils font l’objet d’insultes homophobes (14,1%). Pourtant les adolescents parlent peu de cette forme de harcèlement. Parce qu’elle a trait à leur intimité (premières relations amoureuses, découverte de la sexualité) ou par honte, 1 élève sur 4 victime de violences, que ce soit en ligne ou hors-ligne, n’en parle à personne. Pour ceux qui en parlent, ils se confient d’abord à un(e) ami(e) (42% des cas) ou à leurs parents (23%) avant de prévenir l’établissement scolaire. Les raisons ? Les adultes paraissent dépassés. De plus, le phénomène de cybersexisme est banalisé.

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Infographie tirée de l’étude Cybersexisme chez les adolescent-e-s (12-15 ans) du Centre Hubertine Auclert et OUIÉP

Les conséquences de cette cyber-violence à caractère sexuel

Cette cyber violence qui touche majoritairement les filles tend à dicter aux adolescents ce que doivent être les normes de la masculinité et de la féminité : les filles sont réduites à leur apparence et les garçons doivent surjouer leur virilité. Prenant racine dans la vie réelle, ces dickats se renforcent en ligne : les filles doivent publier des photos exposant leur corps sans pour autant montrer trop ouvertement leur sexualité. L’étude montre que les garçons, eux, sont moins soumis à la pression des codes de la représentation de soi sur les réseaux sociaux. Le cybersexisme est donc une « sanction de la transgression de ces codes ». « C’est souvent comme ça sur les photos qui circulent sur les réseaux sociaux. Quand un garçon met une photo de lui, torse nu, les filles vont forcément commenter en disant : ‘Tu es trop beau’, et les gars aussi. Alors que quand une fille met une photo d’elle, soit en débardeur, soit en maillot de bain, ils vont dire ‘Regardez comment elle fait sa pute, celle-là. », témoigne Érika, élève en 3e. La sociabilité digitale est primordiale chez les adolescents, gage de popularité et d’existence au sein du groupe : « Je poste dont je suis » pourrait-on dire aujourd’hui. C’est ce contrôle social collectif qui pousse les 12-15 ans à se juger et à rappeler à l’ordre ceux qui sortiraient du cadre. Néanmoins les entretiens menés lors de l’étude montrent bien que les adolescents et surtout les filles, ne maîtrisent pas leurs propres contenus. Les photos sont partagées en ligne alors même que le sujet n’est pas d’accord. Si c’est une fille, c’est elle qui sera considérée comme responsable des conséquences liées à la diffusion des photos dont elle fait l’objet.

L’étude met en lumière les conséquences de la cyberviolence et notamment la cyberviolence à caractère sexuelle sur les victimes : perte d’estime de soi et sentiment d’insécurité, voire idées suicidaires (considérées parfois comme seule échappatoire), perte de capacité de concentration, peur de venir à l’école…

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