Le projet d’attentat déjoué à Saint-Étienne le 1er juillet révèle une nouvelle facette glaçante de la radicalisation en ligne. Un adolescent de 18 ans, influencé par les discours masculinistes du mouvement « incel » (contraction d’ »involontairement célibataire ») préparait une attaque au couteau. Il a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste. C’est historique en France : il s’agit de la première saisine du parquet national antiterroriste (PNAT) pour des faits motivés exclusivement par la haine des femmes.
Une idéologie sexiste au coeur des plateformes numériques
Les réseaux sociaux et les forums privés sont devenus de véritables incubateurs de haine anti-féminine. Ils relaient des discours misogynes, promeuvent une masculinité violente et humilient les femmes, les rendant responsables du mal-être des hommes.
Les figures de proue de cette idéologie, tel que “l’influenceur”américain Andrew Tate, accusé de viols et de trafic sexuel, cumulent des millions de vues expliquant comment manipuler, contrôler et exploiter les femmes à des fins sexuelles ou de domination.
Les algorithmes renforcent largement cette exposition. L’Université de l’Iowa démontre que les recommandations automatiques conduisent rapidement vers des contenus de plus en plus radicaux. Résultat : des adolescents, en quête de sens, se retrouvent endoctrinés par des discours de haine profondément misogynes, jusqu’à dépasser le virtuel.
Une fracture idéologique préoccupante
Le Haut Conseil à l’Égalité alerte : un fossé se creuse entre les adolescents et les adolescentes. Tandis que les jeunes filles adhèrent de plus en plus à des valeurs féministes, une partie croissante des jeunes garçons développe des convictions masculinistes. En 2025, 52 % des jeunes hommes estiment qu’on « s’acharne sur les hommes ».
Le risque : voir se multiplier les passages à l’acte. Car ce phénomène ne se cantonne pas à la France, il s’agit d’une menace universelle. Toronto, Californie, Plymouth… Les attentats masculinistes se multiplient et se ressemblent : haine ciblée envers les femmes, production de manifestes, radicalisation amplifiée par les plateformes numériques et, bien souvent, la commission d’un acte. Une mécanique qui n’a rien à envier au terrorisme politique ou religieux.
La nécessité d’une réponse coordonnée et transversale
L’idéologie masculiniste tue. Elle relève du terrorisme idéologique. Pour la combattre efficacement, l’Association e-Enfance/3018 appelle à :
- Contraindre les plateformes numériques à renforcer la modération des contenus masculinistes
- Renforcer la régulation des contenus incitants clairement à la haine des femmes
- Sensibiliser les enfants et les adolescents à un usage éclairé du numérique, comme le font chaque jour les intervenant de l’Association e-Enfance / 3018
Nous ne pouvons plus considérer le sexisme en ligne comme un simple « débat d’idées ». Il s’agit d’un vecteur de violence réelle, parfois mortelle.
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