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Influence toxique : jusqu’où les ados peuvent aller pour leurs idoles ?

Sur TikTok, Snapchat ou Instagram, suivre ses influenceurs préférés est devenu courant.  Leurs contenus font rire, inspirent ou touchent.

Mais pour certains jeunes, ce lien va bien au-delà d’un simple « abonnement ». Fugue, relation parasociale, dépendance affective

Des dérives inquiétantes qui illustrent les risques d’une influence numérique mal encadrée.

Une illusion de proximité : la relation parasociale

Avoir la sensation de “connaître” un influenceur, de partager son quotidien, voire de nouer une forme d’amitié avec, c’est ce qu’on appelle une relation parasociale. Ce lien naît à force de suivre, jour après jour, une personnalité en ligne au point de connaître ses habitudes, ses opinions et son intimité. Et comme ces créateurs s’adressent souvent à leur communauté face caméra, avec des “tu” et des confidences, l’illusion d’un lien réel s’installe. Pourtant, cette relation reste à sens unique :on les connaît, mais eux ne nous connaissent pas.

Ce phénomène touche particulièrement les jeunes, qui s’identifient aux influenceurs comme à des modèles ou des figures de confiance, parfois plus que dans leur entourage réel. Cette proximité apparente peut rapidement évoluer vers une forme de dépendance affective : attendre des likes, une réponse, rêver d’un contact direct. Plus préoccupant encore, certains jeunes peuvent en venir à reproduire leurs comportements, leurs choix ou leur vision du monde sur ceux de leur influenceur préféré, perdant peu à peu leur esprit critique.

Une influence invisible mais bien réelle

Certains influenceurs, consciemment ou non, entretiennent cette illusion de proximité pour fidéliser leur audience. Le risque, c’est que cette mécanique fragilise des jeunes en quête de repères, jusqu’à déclencher des comportements préoccupants : passer des nuits entières à suivre un live, délaisser sa vie sociale ou scolaire, fantasmer une relation réelle, voire envisager une fugue pour tenter de rencontrer leur idole. Dans certains cas extrêmes, cela peut même ouvrir la porte à des manipulations, lorsque des créateurs abusent de la confiance qu’ils ont suscitée.

À cela s’ajoute une mise en scène parfois très codifiée d’un quotidien idéalisé : apparence toujours parfaite, voyages à répétition, luxe omniprésent, notoriété enviée. Derrière ce tableau faussement accessible, beaucoup de jeunes en pleine construction développent des complexes, de l’envie voire un profond sentiment d’échec.

Àforce de suivre ces créateurs au quotidien, un autre phénomène s’installe : la dépendance. Le scroll devient automatique, presque compulsif. On repousse l’heure du coucher, on néglige les cours, on s’éloigne peu à peu du monde réel.
Ce qui n’était qu’un loisir se transforme en réflexe, parfois même, en véritable besoin.

L’influence commerciale encadrée, mais des jeunes toujours exposés

Depuis juin 2023, une loi encadre l’influence commerciale sur les réseaux sociaux et vise à prévenir les dérives des influenceurs. Elle impose notamment la transparence sur les partenariats, interdit certaines pratiques à risque, comme la promotion de régimes dangereux et rend obligatoire la mention des images retouchées.

Plusieurs acteurs, tels que le Collectif Meer ou le syndicat des influenceurs (UMICC), appellent à aller plus loin. “Les créateurs doivent travailler en responsabilité et en transparence sur ces questions liées à la protection de l’enfance”, insiste Bénédicte de Kersauson, déléguée générale de l’UMICC.

Ce qu’il faut retenir :

Ces dérives interrogent profondément le rôle social des influenceurs sur les jeunes. Certains deviennent de véritables figures d’autorité émotionnelle pour des mineurs, parfois au détriment de leurs repères familiaux et éducatifs. Entre culte de la personnalité, relations parasociales et mécanismes d’emprise, les dangers sont bien réels.

Renforcer le cadre juridique existant est essentiel pour assurer une protection réelle des mineurs face aux dérives de l’influence sur les réseaux sociaux. Les créateurs de contenus doivent pleinement prendre conscience de l’impact qu’ils exercent sur les jeunes et s’engager dans une démarche éthique et responsable.

Des outils pour mieux accompagner les jeunes

Conscients de leur impact sur les plus jeunes, plusieurs réseaux sociaux proposent aujourd’hui des outils. Contrôle parental, limitation du temps d’écran, filtrage de contenus, surveillance des interactions : autant de moyens pour les parents de garder un oeil bienveillant, sans couper totalement le lien numérique.

Pour aller plus loin, retrouvez notre article sur le contrôle parental

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